Accès au traitement par lecanemab (3e et dernière partie d'une série de 3)
- Lisa Koski
- 18 nov.
- 3 min de lecture

Partie 3 : Que dois-je savoir d'autre sur les critères d'admissibilité et les modalités d'accès au traitement ?
Selon la recherche, le lécanémab est efficace pour réduire les plaques amyloïdes dans le cerveau, caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. La présence d'amyloïde dans le cerveau est mesurée grâce à un examen spécialisé appelé tomographie par émission de positons (TEP). Tous les participants à l'étude sur l'efficacité de lécanémab ont subi une TEP amyloïde révélant la présence de ces plaques avant le début du traitement. Cet examen était nécessaire pour confirmer que la maladie d'Alzheimer était à l'origine de leurs troubles cognitifs et que le médicament perturbait la formation des plaques. Ce type d'examen n'est pas facilement accessible dans la majeure partie du Canada. On ignore encore si la présence de plaques à la TEP amyloïde sera un critère d'admissibilité au traitement.
Un autre biomarqueur de la maladie d'Alzheimer repose sur la mesure de la concentration de certains peptides dans le liquide céphalo-rachidien. Ce prélèvement nécessite l'insertion d'une aiguille dans le bas du dos pour recueillir un échantillon de ce liquide. De nombreux médecins, notamment en dehors des grandes villes, n'ont pas accès à la ponction lombaire. Par conséquent, l'accès à ce test reste actuellement limité.
Une variante génétique appelée ApoE-4 augmente le risque de développer la maladie d'Alzheimer. Les personnes porteuses de deux copies de cette variante génétique présentent le risque le plus élevé de développer la maladie d'Alzheimer, tandis que l'absence de copie est associée au risque le plus faible. Les personnes porteuses de deux copies du gène ApoE-4 ne doivent pas prendre de lécanémab, car ce traitement a été associé à une incidence plus élevée d'œdème cérébral et d'hémorragie chez ce groupe de patients participant à l'étude. Les patients ayant participé à l'étude sur le lécanémab ont subi des IRM régulières afin de surveiller les effets secondaires et d'interrompre le traitement avant qu'il ne cause des dommages supplémentaires.
Le test génétique de l'ApoE-4 ne fait pas partie des soins de santé courants. Il est utilisé à des fins de recherche, et il est parfois demandé par les personnes ayant des antécédents familiaux de maladie d'Alzheimer et souhaitant mieux comprendre leur niveau de risque personnel. Ce test sera nécessaire pour déterminer l'éligibilité d'un patient au traitement par lécanémab. Il est indispensable de renforcer les capacités de prise en charge afin de répondre à l'augmentation de la demande de tests génétiques induite par ce nouveau traitement.
D'autres problèmes de santé peuvent également influencer l'éligibilité au traitement par lécanémab. Par exemple, de nombreuses personnes âgées se voient prescrire des anticoagulants pour réduire leur risque d'AVC. Ces médicaments peuvent également augmenter le risque d'hémorragie cérébrale, un effet secondaire possible du lécanémab. Le traitement par lécanémab peut donc être déconseillé aux personnes prenant ces médicaments.
Enfin, il revient à la province de Québec de décider si le traitement par lécanémab sera couvert par le régime public d’assurance maladie ou si les patients devront payer de leur poche les examens et les interventions qui y sont associés. Ces décisions sont prises par le ministre de la Santé et de la Sécurité du Québec, à la lumière de l’évaluation et des recommandations de l’ Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) . Ce processus peut prendre jusqu’à deux ans et ne se conclut pas toujours par une prise en charge des coûts du traitement par le système public.
En conclusion, un traitement contre la maladie d'Alzheimer est désormais envisageable, mais pas encore à notre portée. La science nous offre une solution potentielle. Il appartient désormais aux professionnels de santé, au système de santé publique et aux choix individuels des patients de déterminer à quel moment nous pourrons commencer à bénéficier de cette nouvelle thérapie.



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